Tout a commencé un 20 janvier, alors que les alpinistes Elisabeth Revol et Tomasz Mackiewicz se retrouvaient à nouveau pour une nouvelle quête en montagne. Je dis nouvelle, car c’était la 4e tentative d’Élisabeth et la 7e pour Tomasz (3e ensemble). Le but était de gravir la montagne du Nanga Parbat, d’une altitude frôlant les 8126 mètres, ce qui en fait la 9e montagne la plus haute au monde. Cette montagne pakistanaise est aussi surnommée – la montagne tueuse – puisqu’elle a donné la mort à 83 personnes.
C’est durant cette mission qu’on apprit le nom de la dernière victime de cette dangereuse montagne.
Tomasz Mackiewicz

Le 25 janvier, c’est la journée d’attaque finale vers le sommet sans Sherpa, ni oxygène. Un pari audacieux, mais ils connaissent les risques. La journée se déroule bien et après avoir modifié leur deadline de plusieurs heures, ils finissent par atteindre leur but. Le plaisir au sommet fut de courte durée, car Tomasz perdait la vue d’un oeil (ophtalmie des neiges majeure). C’est sans tarder qu’ils décidèrent d’entamer la descente (de nuit).
« À un moment, il n’arrivait plus à respirer, il a enlevé la protection qu’il avait devant la bouche et a commencée à geler. Son nez devenait blanc et puis après les mains, les pieds. » Elisabeth Revol
Alors, un message de secours est lancé par Élisabeth à son ami (Ludovic Giambiasis), son mari et la femme de Tomasz comme quoi il y a urgence. Les deux alpinistes étaient en grande difficulté, mais surtout Tomasz qui ne pouvait plus avancer… Donc, Élisabeth a dû continuer la longue descente sans lui.
En fait, la Française devait descendre à minimum 6 000 mètres d’altitude pour que les secours en hélicoptère puissent la récupérer. Ensuite, le plan était d’aller chercher Tomasz qui devait attendre à plus de 7 000m d’altitude. Rendu au camp de base 2 (6 300m) : « J’ai vu deux frontales dans la nuit. Je me suis mise à hurler et je me suis dit : c’est bon ». Deux alpinistes professionnels, les Polonais Denis Urubko et Adam Bielecki sont venus à sa rencontre pour l’aider à descendre plus bas puisqu’elle était rendue complètement gelée. Ils tentaient d’être la première équipe à atteindre le K2 en hiver. (Détails ici) Ces deux grimpeurs d’exception ont grimpé de nuit, à une température de 40 degrés sous zéro, 1200 mètres qui prennent habituellement entre 2 et 3 jours, un exploit en soi. Pour suivre l’expédition de ces derniers, suivez ce lien
Voici l’un des hélicoptères qui a été utilisé pour la rescousse d’Elisabeth Revol. L’opération socio-financée par une amie de l’alpiniste secourue a coûté 160 000 euros, ce qui équivaut à environ 246 600 $ CAD. Finalement, le montant sera remis aux trois enfants de Tomasz. La facture de la mission de secours a finalement été partagée entre la Pologne et la France.

La voilà le 31 janvier à l’hôpital à Sallanches (France), racontant aux médias sa version des faits.
Au final, elle s’en sort avec quelques engelures, ne sachant toujours pas si son pied gauche va guérir à 100%. Son ami Tomasz est décédé, ce qui la met toujours en colère alors qu’elle en a contre la lenteur des secours. Elle croit que Tomasz aurait pu être sauvé si les secours n’avaient pas traîné de la patte.
Selon l’ami d’Élisabeth, Ludovic Giambiasis, qui correspondait avec les autorités pour lancer l’opération de secours, des mensonges auraient été faits par rapport à la disponibilité de l’hélicoptère, le montant et d’autres détails techniques.
Si tout ça est vrai, on peut dire que c’est très regrettable et qu’il y a des questions à se poser.
